De Hoi An à Hué, voyage à travers l'Histoire du Vietnam
16 avril 2016


Après un mois au Cambodge, je rejoins le Vietnam en bus en passant par le poste frontière "Le Thanh". Mon visa étant déjà fait, les formalités sur place sont très rapides. Le soir même, depuis la station de bus de Pleiku, je me glisse dans l'une des couchettes confortables de ce bus climatisé : direction Hoi An, ville classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO...

Le charme d'Hoi An

"La ville est un reflet du mélange des cultures indigènes et étrangères (principalement chinoises et japonaises et, plus tardivement, européennes) qui a donné naissance à ce vestige unique. [...] Hoi an est un exemple exceptionnellement bien préservé de port marchand traditionnel d’Asie. [...] La vieille ville de Hoi An a gardé son architecture traditionnelle en bois et son paysage urbain, à savoir la taille de ses parcelles bâties, les matériaux, les façades et les toits." UNESCO
A travers les rues piétonnes de la vieille ville, où les touristes sont plus nombreux que les Vietnamiens, le marchandage est indispensable. Les commerces ne sont pas très diversifiés : sacs et chaussures en cuir, galeries d'art, produits de la marque Kipling et The North Face (qui sont Made in Vietnam), foulards en soie, et plus de 200 tailleurs "sur mesure". Les cafés londoniens ne peuvent que jalouser les ambiances des intérieurs des restaurants et bars d'Hoi An : tant d'atmosphères originales, artistiques, végétales et exotiques. L'ambiance de cette petite ville me plait beaucoup. Entre deux boutiques de souvenirs implantées dans d'anciennes maisons de négociants japonais, de jolis temples chinois subsistent encore.
La nourriture est très présente, que ce soit deux tables dans un coin de rue, un panier au bord d'un trottoir ou un vendeur ambulant. Mais l'idéal est de s'asseoir dans le marché couvert, devant l'une des dizaines de petites cuisines qui se font face, pour y manger les spécialités locales : Cao Lau, Ban Bao ou Ban Xeoh. Sans oublier le pho, soupe de noodles et plat national, qui est devenu mon petit-déjeuner, déjeuner et dîner quotidiens. A peine le regard posé sur un plat ou un objet que les commerçantes accourent en criant Hello you! ou Come buy! ; alors parfois on fuit vers l'étal d'à côté, qui vend les mêmes choses, oppressé par tant d'attention. 
On a vite fait le tour d'Hoi An alors, au matin du troisième jour, il est temps d'enfourcher un vélo pour aller me perdre dans la campagne environnante. Accompagnée par les klaxons des bus et des mobylettes qui me dépassent, je m'évade au bord des rizières et quitte la route pour les chemins bordés de cocotiers qui mènent à la mer. Dans les villages entourés de végétation, l'ambiance est plus calme, si paisible. Je traverse de petits ponts près desquels sont accostés des bateaux paniers (réalisés avec des lattes de bambou), tel que le ghe thùng chài, une sorte de bouée ronde réputée pour sa remarquable stabilité. La plupart des bateaux en Asie du Sud-Est ont des yeux peints de chaque côté de l’étrave :
"La cérémonie d’ouverture des yeux est le moment symbolique où l’on donne une âme au bateau afin qu’il puisse naviguer en bonne et due forme. Un navire est une créature de la mer, comme l’est un poisson. Ses yeux lui permettront de percevoir les dangers procédant du fond des eaux et de les éviter." L. Bogani, Un chantier naval à Hochiminh-Ville
INFOS PRATIQUES
Voici le site internet d'un expatrié français : Good Morning Hoi An. Une mine de renseignements pratiques et des conseils pertinents. Vous y trouverez quelques cartes très complètes à télécharger, de la ville et de ses alentours.
Ne manquez pas les Marble Mountains, entre Danang et Hoi An. Je ne l'ai malheureusement pas fait mais j'ai croisé plusieurs personnes qui me l'ont vraiment recommandé. C'est facilement accessible depuis Hoi An en bus.
Prix des logements : un lit dans un dortoir coûte entre 5 et 10$. Les chambres avec lit double commencent à 11$. Par hasard, je suis tombée sur une chambre à louer à 6$, avec salle de bain et wifi, dans une grande maison qui fait aussi office de bureau de réservation (Purple Rose, 604 Hai Ba Trung, Hoi An).
A visiter (entrée gratuite) : La galerie d'art du photographe français Rehahn
(les photos sont magnifiques !) pour une immersion dans la culture ethnique du Vietnam.

Le long de la Rivière des Parfums, Hué

Depuis Danang, le voyage en train remonte vers le Nord en  longeant la côte. Les paysages sont magnifiques, avec quelques plages isolées et une végétation luxuriante qui tapisse les collines. Et pour cause, la mousson d'hiver touche le centre du Vietnam entre octobre et mars. Après la sécheresse du Cambodge, je m'extasie devant ces paysages verts et humides. Cependant, la température dépasse déjà les 30°C et lorsque le soleil se montre, les citadines se couvrent de la tête aux pieds (chaussettes spéciales tongs, gants, capuche, masque et manches longues) : le modèle de beauté en Asie reste encore et toujours l'Occidentale à la peau blanche.

La Cité impériale

La ville d'Hué fut la capitale impériale du Vietnam au moment de la réunification du pays en 1802. C'est la principale attraction touristique d'Hué, une ville fortifiée dans l'enceinte d'une citadelle. Le temps d'une demi-journée, on vient oublier le bruit des klaxons et la course des mobylettes en se promenant tranquillement au milieu des palais, temples et jardins. C'est ici que se sont succédés les empereurs de la dynastie Nguyên, la dernière dynastie royale de l’Histoire vietnamienne, qui régna de 1802 à 1945.
Une partie du site est en ruine depuis la guerre du Vietnam (1945-1975), mais un extraordinaire plan de restauration coordonné par l'UNESCO permet de lui redonner son visage d'autrefois. Dans un coin de la cité impériale se trouve le jardin Co Ha, qui expose une multitude de bonsaïs. A peine avais-je franchi la frontière vietnamienne que déjà, les bonsaïs m'apparaissaient au pied des habitations ou le long des balcons. Magnifiques !
Alors que mon regard vagabonde sur les murs des temples ou d'autres monuments anciens d'Hué, qui appartiennent au patrimoine vietnamien, je remarque que les inscriptions sont en chinois. Pourquoi ? Explications selon l'Histoire :
●  De 111 av. J.-C. à 938 apr. J.-C. : Conquête du Vietnam par la Chine, qui impose alors son écriture et sa civilisation.
● Xe siècle : Après un millénaire de colonisation, l'armée chinoise est repoussée et le Vietnam obtient son indépendance. Mais le système de sinogramme continue à être utilisé alors par les intellectuelles et les commerçants.
●  Les Vietnamiens ont utilisé les caractères chinois jusqu'au XIIIe siècle. Puis, ils ont commencé à inventer leur propre système d'écriture : le nôm. Les ébauches de l'alphabet vietnamien ont fait leur apparition avec l'arrivé des missionnaires catholiques européens dans le pays au XVIIe siècle.

La pagode Thien Mu

A quelques kilomètres du centre-ville se trouve la pagode Thien Mu, posée sur une petite colline qui surplombe la Rivière des Parfums. On peut y trouver l'Austin bleue utilisée par le moine bouddhiste Thich Quang Duc juste avant de s'immoler par le feu à Saïgon, le 11 juin 1963, pour contester le régime en place :
La maison traditionnelle Bunong dans laquelle nous avons dormi se fait rare dans les villages et, avec l'ascension sociale des habitants, elle  tend à être remplacée par les maisons Khmer sur pilotis. Et pourtant, tout avait été pensé pour qu'elle soit le plus pratique possible :
"En effet, le gouvernement de Diem pratiquait une discrimination permanente et manifeste envers les bouddhistes qui représentaient pourtant 90% de la population du Sud-Vietnam. En plus de cela un les catholiques jouissaient d’un favoritisme extrême se voyant offrir la plupart des fonctions à responsabilité dans le gouvernement." Laguerreduvietnam.com

En vélo dans les villages alentours

Même si la ville d'Hué est relativement calme en soi, il n'y a rien de mieux que de s'évader en vélo à l'aube dans les villages alentours à la découverte du "vrai Vietnam". Volontaire à Tigon Hostel pendant une semaine, j'ai l'occasion de tester en avant-première l'un de leurs circuits, un mélange de croisière et vélo.
Au petit matin, on embarque sur la réplique d'un vieux bateau, sur la Rivière des Parfums. Le temps est brumeux, ce qui compose une atmosphère paisible, un peu mystique, d'où s'échappent des scènes communes de la vie rurale. Et toujours, ce fameux chapeau conique. Un peu plus loin sur la rive, les vélos nous attendent et on s'élance le long du fleuve, croisant les villageois qui s'activent depuis quelques heures déjà. C'est incroyable, ces villages regorgent de vieux temples couverts de mosaïques, réalisées avec  du verre et des tessons de céramique. Une balade très agréable.
BONNES ADRESSES (testées et approuvées à 200% !)
Restaurant végétarien Lien Hoa (3 Le Quy Don, Hué) : un très joli cadre et de bons plats typiques à petits prix.
Si vous cherchez un logement pas cher, Tigon Hostel (11 Nguyen Cong Tru, Hué) propose des dortoirs hommes-femmes séparés et des chambres très propres, avec un bon réseau wifi et des vélos gratuits à disposition. N'hésitez pas à demander à participer à l'un des tours en vélo matinaux dans les villages alentours, avec Andy.
Petit conseil : évitez les restaurants du quartier touristique South Bank et asseyez-vous là où vous trouverez le plus de Vietnamiens attablés, gage de bonne nourriture à prix local.

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