C'est au moyen d'une Fiat 500 de location que nous avons parcouru ce vaste pays où les distances s'évaluent au nombre de lacs croisés le long de la route, où les forêts s'étalent à perte de vue et où, parfois, des ponctuations couleur rouge de Falun se dessinent à travers la verdure (les habitations suédoises ont un charme fou !). Au programme, une semaine à visiter quelques-uns des plus beaux parcs nationaux de Suède, et le mariage d'un couple d'amis Erasmus (où j'ai officié en tant que photographe).

Vue côté mer Baltique, depuis le PN de Skuleskogen

Notre choix s'est porté sur les parcs nationaux de Tiveden, Sonfjället et Skuleskogen, sans oublier la petite île de Trysunda. La Suède a été le premier pays européen à créer des parcs nationaux (on recense 29 parcs aujourd'hui, et environ 2600 réserves naturelles).

Dans le "nord" du pays (i.e. au-dessus de Stockholm), les milieux naturels sont préservés de l'urbanisation et de l'affluence, pour ne pas dire carrément sauvage. Quelle respiration ! Mes premiers pas à Tiveden, je ressens une telle gratitude d'être là, au sein de cette beauté toute sauvage. En reliance avec un environnement paisible, verdoyant et... aquatique. Le pays compte plus de 100'000 lacs !

Les habitants, animaux ou imaginaires, se font discrets. Sous un tapis de lichens ou derrière d'immenses rochers moussus, ils guettent (We are not alone..., chante Nick Cave). Et la première nuit, d'étranges cris nous réveillent, impressionnants. Les grues cendrées. Plus tard sur la route, nous croiserons un glouton (assez rare), une mère élan et son petit, et des rennes broutant la pelouse d'un terrain de golf. Nous avons cherché les ours toute la journée au parc national de Sonfjället, sans succès.

Dans le parc national de Sonfjället

Au sortir de l'aéroport, nous avons enfourné nos affaires personnelles, le nécessaire de camping et quelques provisions dans notre petit véhicule. En Suède, le Allemansrättenon ou "droit de libre accès à la nature" est inscrit dans la Constitution. Il permet à chacun d'accéder et de profiter de la nature, à condition de respecter les lieux, les autres usagers et les propriétaires (si le terrain est privé). Et jusqu'au fond de nulle part, nous avons trouvé des abris, des tables de pique-nique, des toilettes sèches et des aires de barbecue. Mais à cette latitude, en plein été, difficile de rentrer dans son duvet quand le jour semble ne jamais faiblir ! A peine couché que le soleil est déjà là-haut, à nous inonder de sa lumière stimulante. Alors de temps en temps, on a loué une chambre... sans volets.

Camper dans une aire protégée n'est pas toujours autorisé, et c'est normal. Au sein du parc national de Skuleskogen, il est permis de planter sa tente sur une aire réservée au bivouac, à proximité de l'eau. Un coin hors du temps où quelques cygnes flottent sur une surface immobile qui laisse contemplatif.

Ancien village de pêcheurs sur l'île de Trysunda, près du PN de Skuleskogen

Nous avons marché, beaucoup, et puis roulé, encore plus. Nous avons campé au bord de lacs cristallins où l'eau présente un reflet marron lié aux particules d'humus. Nous avons plongé dans la mer Baltique et là, quelle surprise de rencontrer une eau presque douce : la salinité est particulièrement faible dans cette mer quasi fermée (3-8gr/L contre 38.4-41.2gr/L pour la mer Méditerranée).

"La Baltique est la plus jeune mer de notre planète. Située dans le Nord de l’Europe et reliée à l’océan Atlantique par la mer du Nord, la mer Baltique est apparue lorsque les glaciers se sont retirés il y a seulement 10 000 à 15 000 ans. Régulée par des conditions hydrographiques et climatiques particulières, elle constitue l’une des plus grandes étendues d’eau saumâtre du monde et représente un écosystème riche, exposé et vulnérable." WWF

Phénomène surprenant : au niveau de la High Coast (littoral particulièrement touristique), le niveau de la couche terrestre augmente chaque année de 8 millimètres. En effet, à l'époque glaciaire, la couche de glace avait une épaisseur supplémentaire de 3 kilomètres dans cette région, ce qui a compressé la croûte terrestre sur 800 mètres. Depuis la fonte des glaces, le niveau tend à revenir à la normale, très progressivement.

Vue côté mer Baltique, depuis le PN de Skuleskogen

Dans la province de Hälsingland (réputée elle aussi pour sa faune sauvage), nous visitons la ferme décorée Eric-Anders, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Pause agréable entre deux averses de grêle.

A Vimmerby, je recommande la visite de l'excellente exposition consacrée à la vie d'Astrid Lindgren, cette auteure suédoise à l'origine du personnage de Fifi Brindassier. Quelle femme, quelle vie, quelle carrière (à la fois auteure, éditrice, metteure en scène, compositrice, activiste, féministe, etc.) ! Son œuvre artistique a été maintes fois récompensée.

Tout au long de notre route, nous remarquons à de nombreuses reprises des espaces de forêt décimée. Un ami suédois m'a confirmé ensuite que la gestion des forêts est en train de devenir un problème national et qu'il est nécessaire que le pays mette en place de sérieuses règlementations. Sujet à creuser...

"En Suède, la biodiversité souffre de l’exploitation industrielle des forêts"
"Le royaume scandinave pratique une sylviculture basée sur la monoculture et les coupes rases. Mais les critiques montent devant les dégâts pour le climat et la biodiversité"
Le Monde

Dans le parc national de Sonfjället

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