Dans la région du Mondulkiri, autour de la petite ville de Sen Monorom qui est tout aussi isolée que Banlung (dans le Ratanakiri), les touristes se voient proposer des circuits sur plusieurs jours incluant treks dans la jungle, visites de villages de minorité autochtone Bunong et/ou journées passées avec des éléphants domestiqués à la retraite.
Durant la saison des pluies, l’herbe aura repoussé et le paysage sera entièrement vert. En attendant, il faut l’imaginer…
"On recense environ 77 éléphants captifs au Cambodge, dont 50 qui vivent dans la province du Mondulkiri. A travers les forêts préservées du pays, 400 éléphants d'Asie vivent en liberté, dont 250 se trouvent dans cette région. Ils sont menacés par le braconnage." Elephant Valley Project
De plus en plus d'organismes et d'agences organisent ce genre de tour et il est vraiment difficile de faire son choix. Certains, pionniers dans le domaine, jouent la carte de la transparence et sont devenus un modèle pour d'autres. Les locaux ont compris que, dorénavant, les touristes ne veulent plus monter les éléphants et ils abandonnent alors cette pratique. Mais de nombreuses rumeurs courent concernant quelques projets : "les communautés ne reçoivent rien", "les éléphants sont loués temporairement aux villageois", "du jour au lendemain, l'exploitation des éléphants peut reprendre", etc. Nous sommes, ne l'oublions pas, dans un pays avec un très fort taux de corruption (classement : 156ème sur 174 pays).
INFOS PRATIQUES
Elephant Valley Project : la journée est à 85$ ; ou 55$ si vous travaillez comme volontaire durant l'après-midi sur les lieux. Ils possèdent plus d'éléphants que les autres. C'est LA référence sur Sen Monorom et il est indispensable de réserver à l'avance.
L.E.A.F. Mondulkiri Sanctuary : la journée est à 45$ (lire la dernière partie de cet article). Groupe de 12 personnes maximum. Programme sur 2 jours : 1) Éléphants et nuit dans le sanctuaire dans une maison Bunong, 2) Trek de 20km environ avec possibilité d'observer des animaux. Participer à ce projet est un bon moyen de soutenir financièrement les éléphants, les communautés autochtones et la conservation de la biodiversité.
Mondulkiri Project : la journée est à 50$. Groupe de 18 personnes maximum. Un projet qui semble correct, apprécié des touristes.
Trek avec un chef Bunong(lire mon expérience présentée dans le texte ci-dessous) : Étant un groupe de 8 personnes, nous sommes partis avec Mr. Mhhach Hong, avec qui nous avons marchandé pour baisser le prix à 58$ pour 2 jours et 2 nuits. Il reverse l'argent équitablement à toute sa communauté, ce qui est positif. Je déplore le fait que c'est son neveu qui nous ai accompagné cette fois et non pas lui, car nous avons manqué d'explications et d'information tout au long du circuit. Pour le contacter : sovann.ngouk@gmail.com - (+85) 97 45 36 011.
2 jours de trek : jungle, éléphants et village Bunong
J'avais des attentes (trop ?), surtout en raison du budget dépensé dans cette expédition, et j'ai été déçue. Parce que la jungle, ce n'est pas LA jungle. Parce que le trek reste une randonnée accessible à tous d'une dizaine de kilomètres seulement (bien que, exceptionnellement surchargée, ça m'ait suffi). Parce que l'observation de la faune sauvage n'a pas semblé au programme malheureusement. Parce que le chemin n'était pas assez sauvage pour être dénué de tout déchet. Parce que la journée avec les éléphants, ça ressemblait un peu à une mise en scène pour touristes. Alors, quite à le faire, je ne peux que vous recommander de mettre le prix et de chercher la qualité !
Cependant, cela reste une expérience originale, inscrite dans mes souvenirs du Cambodge. Le sentier suivi nous a mené sur des collines desséchées, au milieu de plantations de manioc, à côté de parcelles de forêts brûlées, dans des coins de végétation luxuriante, sans oublier quelques haltes rafraîchissantes près de cascades. Notre jeune guide s'est amusé à nous montrer les différents usages possibles du bambou selon la culture Bunong, un peuple très proche de la forêt et de ses ressources : broche pour le barbecue, verres, bâton de marche, sifflet, marmite, nourriture, etc.
L'arrivée au campement fut le moment de la journée le plus apprécié. Nous avons filé vers la cascade pour nous laver dans l'eau fraîche avant la tombée de la nuit. Puis, dans des habits enfin propres, alors que je me prélassais dans mon hamac, le guide préparait notre repas : dans un gros tube de bambou frais, sur le même principe que la cuisson du krolan, il a fait mijoter différents légumes et des pousses de bambou avec un peu d'eau. Son frère nous a ramené une grosse casserole de riz et ils ont fait frire d'autres légumes sur le feu. Un vrai festin, bien mérité et très apprécié ! Et pour finir en beauté, quelques shots de vin de riz (un goût de rhum). C'est ma première nuit dans un hamac et j'adore ça !
Cette nuit, on dormira dans ces hamacs avec moustiquaire intégrée, bercés par les bruits de la forêt.
Cuisson des légumes dans un gros tube de bambou.
Une nuit dans un village traditionnel
Le deuxième soir, nous arrivons à pied au village. Des cochons, des vaches, des poules, chacun suivis de près par leur dernière portée, vivent parmi les habitants. Ils traversent l'intérieur des maisons, picorant des morceaux de nourriture oubliés sur le sol ou se nourrissant des restes du repas. Rien ne se perd, tout se transforme...
La maison traditionnelle Bunong dans laquelle nous avons dormi se fait rare dans les villages et, avec l'ascension sociale des habitants, elle tend à être remplacée par les maisons Khmer sur pilotis. Et pourtant, tout avait été pensé pour qu'elle soit le plus pratique possible :
La maison traditionnelle Bunong dans laquelle nous avons dormi se fait rare dans les villages et, avec l'ascension sociale des habitants, elle tend à être remplacée par les maisons Khmer sur pilotis. Et pourtant, tout avait été pensé pour qu'elle soit le plus pratique possible :
Le toit est en paille, imperméable. Le bruit de la pluie, la chaleur et les sons extérieurs sont étouffés par la toiture. Par contre, elle doit être changée tous les 2 ans environ. Quant à la maison, au bout de d'une dizaine d'années, il faut la reconstruire entièrement.
Les aliments sont cuits à l'intérieur, au centre de l'habitation, et il n'y a pas de cheminée. La fumée (qui pique les yeux !) permet de chasser les moustiques et autres insectes, d'assainir l'atmosphère et d'éviter que la moisissure s'installe.
Les provisions sont situées en hauteur. Les deux planchers surélevés qui se font face sont les "lits". Le coin cuisine est près d'une des deux portes. Une maison accueille environ 10-12 personnes, et pas de chambres évidemment : tout le monde dort sur le plancher, sans matelas ou presque, collés les uns aux autres. Autant dire que les couples n'ont pas beaucoup d'intimité...
Un fait intéressant : malgré leur niveau de vie plutôt pauvre, la quasi totalité des jeunes Cambodgiens possède un smartphone. Or, les prix d'achat sont presque aussi élevés que chez nous. Cela représente donc un sacré investissement pour ces jeunes qui gagnent une centaine de dollars par mois. En attendant, la jeune génération est connectée, et cela promet d'accélérer leur ouverture au monde. Les jeunes des villages n'ont plus vraiment l'ambition de continuer à travailler dans les fermes pour subvenir aux besoins de leur famille, même si certains parents refusent encore qu'ils partent travailler en ville, dans le tourisme en général.
J'ai testé un projet écotouristique en compagnie de 2 éléphants
La réserve de Mondulkiri
Les forêts du Cambodge sont décimées à toute vitesse, ce qui menace les écosystèmes locaux. La province du Mondulkiri est riche en biodiversité et abrite de nombreuses espèces en danger. Une ONG locale, L.E.A.F. (Local Environmental Awareness Foundation), fondée en 2014 par des volontaires Cambodgiens, a pour but de soutenir et d'améliorer l'éducation environnementale parmi les communautés locales ainsi que la conservation de la biodiversité. Ils ont plusieurs projets prévus : centre de sauvegarde et de réhabilitation d'espèces sauvages, développement de systèmes d'énergies renouvelables, plantation biologique d'arbres fruitiers, etc.
L'une de leurs principales sources de financement provient d'un projet écotouristique : le Sanctuaire de Mondulkiri pour les Éléphants et la Faune Sauvage, situé à 20 minutes de Sen Monorom. Ici, les communautés Bunong voisines peuvent amener leurs éléphants pour leur offrir une retraite heureuse. La communauté toute entière reçoit l'argent reversé par le L.E.A.F. Cela les encourage à arrêter de faire travailler leur éléphant pour le transport des touristes ou du bois, tout en continuant à prendre soin de leur famille.
Le fruit de l’anacardier (noix de cajou)
Forêts sacrées
J'ai eu l'opportunité de participer à une journée dans le Sanctuaire du Mondulkiri en compagnie de deux éléphants, et je le recommande. C'est un corridor naturel rempli d'une belle forêt tropicale avec quelques fermes indigènes. D'après les croyances Bunong, certaines forêts sont sacrées. Seul le chaman du village est capable de dire lesquelles le sont ou pas, mais en attendant elles sont intouchables et c'est un bon exemple de conservation de la biodiversité grâce à une culture ou croyance locale. Cependant, cette harmonie est sérieusement menacée par l’arrivée des multinationales minières et forestières qui abattent les arbres et saisissent les terres ancestrales à un rythme effarant.
"Les Bunongs ne sont pas les seuls à lutter pour le respect de leurs droits fonciers. Partout au Cambodge, des paysans voient leurs terres saisies. Même à Phnom Penh, la capitale, des milliers de familles des quartiers pauvres ont été évincées, malgré leurs titres de propriété. Tout cela au profit d’hommes d’affaires, de politiciens ou de militaires désireux de construire de luxueux complexes immobiliers." Le combat des Bunong
Rencontre avec des éléphants domestiqués
Imaginez une vache ou un chien, en beaucoup plus gros, avec une trompe et la peau épaisse. C'est un éléphant, mais pas seulement. Pour les villageois, c'est un animal domestique bien utile qui, pendant plus de 50 ans va vivre à leurs côtés pour les aider à accomplir des tâches trop difficiles pour un être humain. Il y a généralement un éléphant par village, et chaque famille en a la garde à un moment de l'année. Avec le développement et l'arrivée de matériel lourd, les éléphants deviennent moins nécessaires et sont alors utilisés pour être montés par les touristes. A éviter si possible !
"Les Bunong croient qu’humains et éléphants sont nés de la même âme. Pendant des siècles, ils ont considéré que leur devoir sacré était de réunir les deux, en capturant et en domestiquant des éléphants sauvages. Une fois apprivoisé, un éléphant devenait la propriété commune de plusieurs familles. L’éléphant était au cœur de la vie bunong dans tous ses aspects, économique, religieux et identitaire. Transportant riz, bois, eau et résine, il permettait aux Bunong de traverser les forêts." Les derniers hommes éléphants (film)
Ainsi, lorsque nous sommes arrivés dans le sanctuaire, deux éléphants étaient tranquillement en train de manger. Un peu plus loin, les mahouts paraissaient tranquillement à l'ombre d'un arbre. Ils sont là pour les suivre, s'assurer de leur sécurité et éviter toute interaction dangereuse avec les hommes. Les éléphants sont venus vers nous, totalement libres de toute chaîne et, du bout de leur trompe, ils ont récupéré dans nos mains les bananes apportées spécialement pour eux. On a pu les caresser sans crainte et marcher un moment à leur côté. Cela n'a rien à voir avec le fait d'observer des éléphants sauvages mais c'était vraiment une belle expérience de les voir évoluer dans leur environnement naturel.
BONNES ADRESSES (testées et approuvées à 200% !)
Nature Lodge : Un logement calme, agréable, situé à seulement 3km du centre, au milieu de la nature. Chaque bungalow (chambre et salle de bain) est sur pilotis et ils sont suffisamment espacés les uns des autres pour se sentir isolé. Le moins cher est à 10$ la nuit, avec un lit double. Un groupe de chevaux et de vaches évolue librement sur leur terrain, alors ne vous affolez pas si vous entendez des bruits au milieu de la nuit.
Pour d'autres treks en pleine nature sauvage, la vallée Areng dans la chaine des Cardamones est un endroit magnifique parait-il, qu'un tourisme plus développé permettrait de préserver. Se renseigner auprès de Wild KK Project et éviter à tout prix la Wildlife Alliance qui travaille étroitement avec les autorités gouvernementales.
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