Les trésors de la forêt tropicale humide costaricienne
J’ai plongé dans le Costa Rica en plein hiver pour une parenthèse enchantée sous les tropiques. Un vrai bol d’air pur (pour peu que l'on se tienne à distance des pots d'échappement enfumés) !

Un pari ambitieux !

S’il fallait résumer ce pays en 3 mots : luxuriance végétale et biodiversité. Nous avons tracé notre voyage sur le thème de la nature, reliant une sélection de réserves, jardins et parcs nationaux. De la côte Caraïbe à la côte Pacifique, ce tout petit pays (1/10ème de la superficie de la France et 5 Mo d'habitants) présente une incroyable diversité d’habitats et 6% de la biodiversité planétaire grâce à sa position sur l'isthme centraméricain.
"Dans les années 1980, 100 000 hectares de forêt étaient abattus chaque année pour cultiver du café et des bananes, piliers des exportations nationales. Ces exploitations devenant moins rentables au début des années 1990, le gouvernement a encouragé le reboisement. [...] Avec 2,6 milliards de dollars engrangés en 2014, l’activité [touristique], première source de revenu du pays, rapporte désormais trois fois plus que les bananes, dix fois plus que le café." GEO
Réputé pour sa stabilité politique, le Costa Rica a fait le pari d'investir dans l'écotourisme à partir des années 80 tout en visant l'autonomie énergétique. Les énergies renouvelables répondent aujourd'hui à la quasi totalité de la demande en électricité : hydrauliques, éoliennes mais aussi géothermiques grâce à la présence de plus de 100 volcans (dont 5 en activité). Et quelle plaisir de se couler un soir dans les bains thermaux de La Fortuna au milieu de la végétation !

Un quart du territoire en zone protégée

Tout a commencé au Parc national de Tortuguero, premier coup de cœur et premier shot de verdure. Notre petite barque frôle en silence oiseaux et caïman. Sur leur promontoire, iguanes et basilics se prélassent tandis que les singes-araignées s’agitent en hauteur. Des hurlements rauques retentissent dans un écho lointain, ce sont les alouates mâles. Immense et sauvage, la forêt s’éveille aux premiers rayons du soleil (les levés à l’aube deviendront vite une routine : la nuit tombe à 18h et la période d’observation la plus propice est aux heures fraiches) tout comme l’art de vider et empaqueter sa valise chaque jour ou deux.

Cette forêt tropicale humide que l’on retrouvera près du volcan Arenal et jusqu’à Corcovado scintille de mille teintes de vert. A Monteverde elle devient "forêt de nuages", noyée dans la brume pour une ambiance pleine de mystère. La nature tombe en lianes épaisses, remonte en manteaux de mousse et drape les sous-bois d’un rideau de végétation. Si dense. Il y a de la magie dans l’air, dans ces plantes épiphytes qui se contentent d’un support hors sol pour prendre racine, remplissant chaque interstice de chlorophylle. Avec un taux d’humidité avoisinant les 100%, difficile de garder le bout du nez au sec.

La faune (et l’appareil photo) s’abrite des fortes averses, plutôt inattendues en cette période de saison sèche – et signes d’un changement climatique, affirme les locaux. Lavées chaque soir, les baskets s’enfoncent dans les flaques boueuses et n’en finissent pas d'être humides, jusqu’à retrouver la côte et 8°C de plus sur le thermomètre en quelques heures à peine. Condensation dans l’objectif...

Une plongée dans le jardin d'Eden

C’est à la vitesse du paresseux que nous évoluons chaque jour sur les sentiers, la tête renversée à 90 degrés en arrière et les yeux rivés vers les hauteurs à l’affut d’un mouvement ; tout en prenant garde d'éviter les impressionnantes colonies de fourmis coupe-feuilles.

Le Parc national Manuel-Antonio m'offre ma toute première rencontre avec les paresseux, mammifères arboricoles à la physiologie si particulière. Au bord du chemin, des capucins (considérés comme l’une des espèces de primates les plus "intelligentes") se donnent en spectacle devant un public de touristes amusés. Quelque part dans les fourrés, des reflets bleus électriques papillonnent : le grand Morpho, bijou insaisissable de la nature. Magnifique. Un autre jour, sur la plage de Corcovado, nous tombons nez à nez avec un tapir et son petit, si peu farouches. Plus loin sous les arbres, le tamandua remonte un arbre en déroulant ses 40cm de langue sur les colonnes de termites ou de fourmis. La vie animale est partout.

A l’envers d’une large feuille de palmiers, notre guide pointe de sa torche de minuscules chauves-souris blanches (Ectophylla alba). Mais parfois c’est au sol qu’il faut guetter le frémissement imperceptible de l’animal. En remuant les feuilles mortes, de petites dendrobates aux couleurs vives avertissent de leur toxicité. Et à toute heure du jour, les oiseaux chantent, quand les cigales du genre Zammara ne saturent pas l'espace acoustique. Au terme de ce voyage, nous avons fait 241 observations d'espèces différentes (comptage à l’appui – mon frère est un serial birder !) : toucans, colibris, escadrilles de perruches, aras rouges et pélicans pour les plus emblématiques, et tant d’autres becs et plumages colorés...
"Au-delà de la vision idyllique du développement écotouristique du Costa Rica, il semble que le développement écotouristique initial soit débordé par une progression du tourisme de masse, les intérêts économiques l’emportant, dans bien des cas, sur les intérêts écologiques." Fabio Nicolas (2006)
RECOMMANDATIONS & BONNES ADRESSES
Notre circuit (14j.) : Tortuguero, La Fortuna, Arenal, Santa Elena à Monteverde, Carara, Manuel-Antonio, Hacienda Baru, Jardin botanique de Wilson, Boruca, Corcovado.
A faire (si plus de temps et de budget) : Ascension du Mont Chirripo ; dormir une nuit dans le parc de Corcovado ; Cahuita ; snorkelling autour de l’Isla del Cano ; Monument National Guayabo (site archéologique) ; sortie nocturne guidée pour découvrir la faune.
Coups de cœur : restaurant Taylor’s Place (Tortuguero) ; Hôtel Botania (San Vito) ; Hacienda Baru Lodge (Dominical) ; guide « Roy » de l’agence Drake Divers (Corcovado).
Conseils : se munir de petites bottes pour marcher et d’un vrai bon poncho étanche (en toutes saisons).
Attention (!) si vous faites escale au Canada, achetez en ligne l’ETA au risque de vous voir refuser l’embarquement

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