Après des retrouvailles en famille sur l'île de La Réunion (lieu de ralliement pour dix jours de tourisme), je reprends mon sac à dos et continue seule ce voyage commencé en janvier. Prochaine étape : l'île Maurice.
J'avais prévu initialement de rejoindre une ONG mais le prix et la durée du projet m'ont, à contrecœur, fait changer d'avis. C'est ainsi que je me suis retrouvée avec deux semaines à ma disposition, à partir à l'aventure de cette belle île de l'Océan Indien (et en profiter pour régler les détails administratifs de ma prochaine rentrée universitaire au Québec).
La vie sur l'île Maurice : Carpe Diem
J'ai beaucoup aimé l'accueil chaleureux et la gentillesse des Mauriciens. La vie suit son rythme sur cette petite île, tranquillement. J'en ai fait l'expérience en bus, seul moyen de transport à ma disposition. On peut mettre tantôt deux heures, tantôt 45 minutes pour réaliser le même trajet. Tout dépend du chauffeur : s'il a faim, s'il y a du monde, s'il fait beau, et que sais-je encore.
Dans l'ensemble la vie n'est pas si chère et on mange correctement pour 3-4€. Par contre, les produits importés d'Europe sont vite hors de prix. Les habitants parlent français (la France est le deuxième pays colonisateur de l'Isle de France à l'époque), anglais (le Royaume-Uni est le troisième et dernier pays colonisateur de l'île, jusqu'à son indépendance, obtenue très tard) et créole.
Sur l'une des radios principales de l'île, j'ai été étonnée d'entendre la présentatrice passer d'une langue à l'autre sans transition, mais ce qui m'a le plus surprise, c'est la rubrique nécrologique qui passe tous les matins :
"Décès de Mr Jean X, âgé de 67 ans. L'enterrement aura lieu à Curepipe à 15h".
Annonce suivie d'une publicité des pompes funèbres...
J'ai eu la chance de trouver la chambre la moins chère de l'île (pour 10€/nuit seulement), à Mahébourg, une ville proche de l'aéroport et en bord de mer. Bruyante mais pratique, à deux pas de la station de bus, j'y ai finalement élu domicile pour la totalité de mon séjour. C'est l'hiver en ce moment dans l'hémisphère Sud, le temps est très aléatoire et les températures peuvent être assez fraîches. Cela explique, avec la crise, l'absence de touristes.
Des sucres de toutes les couleurs
L'île Maurice est couverte de plantations de cannes à sucre. Sa culture a été favorisée, tout comme celle du manioc, car elle supporte très bien les cyclones (fréquents, bien qu'en nette diminution depuis dix ans, et dévastateurs). Je me suis régalée en dégustant pour la première fois du pur jus de canne à sucre pressée. Difficile d'imaginer qu'il n'y ait aucun additif avec ce goût de lait sucré pourtant 100% naturel ! J'ai goûté aussi à différentes variétés de sucres spéciaux après avoir visité le musée l'Aventure du Sucre (très intéressant). Rien à voir avec le sucre blanc en ce qui concerne le goût, le procédé de fabrication, les minéraux et la santé !
Espèces endémiques en péril
Une ONG a lancé un projet de conservation et de réintroduction d'espèces animales et végétales sur une petite île au large de Maurice. En effet, beaucoup d'espèces endémiques de l'île ont disparu, comme le légendaire dodo dont ils paraissent si fiers ici (ce sont les premiers colons, les Hollandais, qui sont responsables de l'extinction de ces gros oiseaux dodus, lents et peu farouches). D'autres espèces endémiques existent encore ailleurs dans les Mascareignes (archipel regroupant la Réunion, Rodrigues et Maurice). J'ai pu voir le pigeon rose, une petite espèce de chauve-souris et la tortue géante d'Aldabra.
D'autres visites m'ont menée sur l'île aux Cerfs où les squelettes d'oursins verts, violets, blancs ou noirs abondent sur la plage, ou au jardin botanique de Pamplemousse où l'on peut observer des nénuphars géants. Avec masque et tuba, j'ai plongé au milieu des eaux claires du lagon de Blue Bay, une réserve marine protégée abritant 72 espèces de poissons. Très joli ! Cependant, l'apogée de ces vacances fut d'aller nager avec des dauphins...
Nager avec les dauphins dans la baie de Tamarin
Il est 7h30 du matin, le jour se lève sur la baie de Tamarin. Nous sommes un petit groupe de touristes encore endormis, prêts à prendre la mer. J'ai froid, le temps est nuageux et un peu venteux. Quelques règles de base sur le respect des dauphins et l'attitude à adopter avec eux nous sont présentées avant de sortir de la baie. Sept autres bateaux sont au rendez-vous. Malheureusement, tous ne suivent pas les règles établies pour le bien-être des cétacés, et j'ai du mal à accepter ce rassemblement en nombre autours des premiers dauphins repérés.
Tout le long de la côte ouest de l'île, juste derrière le récif, des centaines de dauphins (appartenant à la petite espèce de dauphins à long bec) sont présents en groupe pour se reposer et entretenir les liens sociaux. Dans l'après-midi ils partent au large pour chasser. On repère un groupe, une cinquantaine d'individus.
On les suit tranquillement jusqu'à ce qu'ils se "posent" dans une baie, où ils vont et viennent entre les bateaux. Et là, deux par deux, on plonge avec masque et tuba (et palmes, pour ne pas se faire distancer trop vite). Incroyable. L'eau est si limpide, je vois le sable clair vingt mètres en dessous et rien d'autre. Bleu devant, à gauche, à droite, derrière, dessus. Le Grand Bleu. Et puis soudain ils arrivent, passent devant nous, plongent en profondeur et on les suit au-dessus, puis ils remontent juste devant nous pour respirer, et manquent de nous frôler. Je les entends communiquer par cliquetis entre eux. Moment magique...