On arriva comme on est parti, à pied et sous la pluie.
Tout a commencé il y a deux mois.
En provenance d’autres dimensions, portée par de mystérieux courants, une semence d’idée s’est un jour introduite dans les circonvolutions de ma boite crânienne. Les jours passants, arrosée par une certaine morosité du quotidien parisien, fertilisée par la nostalgie des grands voyages, elle a germé, grandi et pris de l’espace. Rapidement, elle est devenue un objet d’attentions quotidiennes, un besoin primordial : je veux partir faire de la randonnée itinérante en pleine nature.
La vie a pris le relais en déployant ses fameuses synchronicités.
J’ai rencontré Amélia il y a presque dix ans lors d’un volontariat en Espagne. Le souvenir des fous rires partagés est doux. Lentement perdue de vue, notre relation s’est atténuée par l’excuse de la distance ou du rejet des réseaux sociaux et téléphones mobiles, fast food de la communication, diffusant données personnelles et nouvelles insipides. Soudain, un mail, le courant rétabli, quelques échanges positifs et c’est parti !
Elle aussi avait reçu la graine.
Préparer une valise pour une semaine c’est déjà difficile, mais un sac à dos, n’en parlons pas ! En théorie, cela parait très simple, les armoires restent bien remplies, les tiroirs en ordre, et l’on claque la porte comme si l’on partait faire une petite course, le sac si léger que la tête n’en finit plus de douter. En pratique, le processus est cependant tout aussi fastidieux, si ce n’est plus. Supplice du choix. Tu prends, tu portes. Je réfléchis, je soupèse l’habit, le range une fois, le ressort, puis le remet, puis analyse la situation, regarde la météo de la semaine pour la dixième fois, l’enlève, le reprend. Migraine. Alors il faudra accepter l’inadaptation à certains situations imprévues, peut-être même la gêne ou l’inconfort et souhaiter être déjà partie pour ne plus réfléchir. C’est dur le lâcher-prise.
La visite du Puy-en-Velay, fameux point de départ vers Saint-Jacques de Compostelle, introduit la semaine à venir. Le relief accentué sur lequel le village a été élevé a le mérite d’offrir l’échauffement nécessaire aux pèlerins néophytes. Le surmenage des derniers jours nous recouvre tout à coup d’une lourde fatigue. Dans les rouages de mon esprit, le besoin incessant d’activités s’agite en vain. Panne générale, le corps est à plat.