Après un vol interminable depuis Paris et une journée de voyage en taxi-brousse, je pose de nouveau le pied sur ce petit bijou malgache - l'île Sainte-Marie, au Nord-Est de Madagascar - avec la joyeuse sensation d'être de retour à la maison. En effet, il y a trois ans, j'ai vécu ici l'une des plus belles périodes de ma vie en rejoignant l'association Cétamada. J'avais arrangé mon périple dans l'Océan Indien en fonction de leur mission d'éco-volontariat en faveur de la préservation des baleines à bosse. Une expérience unique et inoubliable, qui continue d'alimenter mes rêves nocturnes.
Arrivée à l'aéroport d'Antananarivo
En survolant Madagascar, j'ai le même choc. La terre est nue, sans aucune trace de verdure. A l'aéroport d'Antananarivo, la capitale, je règle les détails de mon visa (bien moins cher sur place que si je l'avais fait faire depuis la France) et retire de l'argent au distributeur de l'aéroport. Un euro correspond à 2800 ariary ( ! cela a changé depuis la publication de cet article).
C'est encore l'hiver dans l'hémisphère Sud et les habitants portent bonnets, écharpes ou pulls tricotés. En effet, la capitale se situe dans la région des Hauts-Plateaux et je redécouvre le froid dès la tombée de la nuit. J'ai enfilé toutes mes épaisseurs pour la soirée et me couche avec une polaire. Une longue journée de voyage m'attend demain...
Bienvenue à Nosy Boraha
Akoré ("Bonjour" en Saint-Marien) ! Rien n'a changé, ou presque. Au sud de l'île, l'aéroport a été remis à neuf depuis que le Festival des baleines (qui a lieu annuellement début juillet) prend de l'ampleur au niveau international. Je récupère mon sac à dos et monte dans la voiture qui m'attend. A ma gauche, l'océan défile sous un beau soleil. Le canal de Sainte-Marie est large de 40 kilomètres et Madagascar se devine à l'horizon. En remontant la route, cernée par une végétation tropicale, nous croisons les villageois vaquant tranquillement à leurs occupations, quelques poules et canards se dandinant ici et là, et de petites cases d'où s'échappe une musique entraînante. Le temps tourne à la pluie, la météo est indécise
L'île Sainte-Marie invite à la détente, et ce n'est pas peu dire. En termes de logement accueillant et plein de charme, il n'y a que l'embarras du choix : le luxueux Princesse Bora, les Villas de Vohilava, le Lakana ou le Libertalia pour n'en citer que quelques uns, sont tenus par des expatriés établis de longue date et cofondateurs de l'association de protection des mammifères marins Cétamada. Les bungalows s'impriment dans le milieu naturel avec harmonie, entourés de végétation luxuriante ou posés les pieds dans le sable (et jusqu'au milieu du lagon pour le Lakana). Un coin de nature préservée au milieu de l'océan, que demander de plus ? A manger ! Là non plus vous ne serez pas déçus : ne manquez pas le poisson à la sauce coco, l'une des spécialités de l'île, ou encore le crabe à l'entonnoir du Boraha Village, la viande de zébu, les beignets de banane et le punch coco.
J'aime me balader à vélo et goûter les différentes friandises vendues en bord de route (beignet à la banane, gâteau au manioc, à la farine de riz, etc.) 200 ariary la pièce... soit 0,07€. Difficile d'être végétarien ici, au risque de manger seulement du riz (les légumes coûtent cher et sont importés de la Grande Terre). J'apprécie donc le poisson frais du jour à chaque repas, quand d'autres préfèrent le zébu ou le poulet local, vendu vivant, les pattes liées, et fourré dans le panier des femmes sur le marché.
L'île des pirates
De 1685 à 1725, Madagascar fut un repaire des pirates et l'île Sainte-Marie a été leur port d'attache et leur base pour sillonner l'Océan indien. D'ailleurs, des dizaines d'épaves de navires dorment au fond de l'océan, constituant d'intéressants sites de plongée. Au pied de la colline abritant le cimetière des pirates, on s'éloigne en pirogue à travers les mangroves. Une excursion au milieu d'un écosystème enchanteur où les racines des palétuviers ressortent à l'air libre par dizaines comme des doigts crochus désignant le ciel.
Quand les mangroves ont failli mourir...
Il y a 2-3 ans, les deux digues de l'île Sainte-Marie ont été reconstruites. Auparavant, cinq canaux irriguaient l'eau des mangroves, permettant un échange entre l'eau de mer et l'eau douce. Après les travaux, les canaux ont été bouchés et la mangrove a commencé à s’asphyxier. Quelques mois plus tard, les problèmes se posent déjà :
● Jaunissement des feuilles de la totalité des palétuvier observés. ● Mort des organismes ayant un seuil de tolérance très faible (poissons). ● Inondation dans les villages et les écoles environnantes.
"En effet, la salinité est un facteur déterminant pour la formation et le développement des mangroves. Les échanges entre eau douce et eau de mer sont des facteurs primordiaux pour la survie de cet écosystème." Anjara Saloma
La volonté et la nécessité pressante de préserver cet écosystème ont entraîné le réaménagement des digues, et les mangroves se développent à nouveau ! A savoir que les mangroves de Sainte-Marie constituent 50% de la totalité des mangroves de la côte Est de Madagascar.
INFO : Découverte d'une nouvelle espèce !
"Dans la famille des petits lémuriens nocturnes, une nouvelle espèce de microcèbe a été découverte récemment. Le Microcèbe de Boraha ou Microcebus boraha est le petit dernier des microcèbes, décrit pour la première fois en 2016. Il a été baptisé ainsi en l’honneur de son habitat, Nosy Boraha plus connu sous le nom de île Sainte-Marie." (Sainte-Marie tourisme)
Le microcèbe est le plus petit lémurien au monde.
Plongeon dans les piscines naturelles
L'île s'étend sur 60 kilomètres de long. Au nord se trouvent des "piscines naturelles". On les atteint après deux heures de quad sous un beau soleil, passant sur des routes boueuses et accidentées, des coins sauvages et inhabités, de petits villages où nous sommes salués par des enfants et des sourires, et pour finir par longer l'océan sur le sable.
A l'arrivée, le repas nous attend au Tropic Azurra (une très bonne adresse avec un super rapport qualité/prix !). On se régale d'un poisson entier chacun, à la sauce coco pour moi. La digestion n'a pas encore commencé que l'on s'immerge déjà dans l'un de ces petits lagons, protégés de l'océan par une barrière rocheuse et réapprovisionnés de temps en temps en eau par les plus grosses vagues.
Si vous cherchez une autre excursion à réaliser le temps d'une demi-journée, allez visiter la petite île aux Nattes, au sud. Elle s'atteint en pirogue, possède de nombreuses plages, un joli point de vue en hauteur, et des restaurants pour une pause gourmande.
Cétamada et les baleines
S'il y a bien une chose à faire en venant sur l'île Sainte-Marie entre juillet et septembre, c'est une sortie en bateau à la rencontre des baleines à bosse, Megaptera Noavengliae. Ces géants des mers, totalement inoffensifs et paisibles, viennent profiter de l'eau chaude et peu profonde du canal pour se reproduire et mettre bas. Un ballet extraordinaire ! Elles commencent à arriver mi-juin, après avoir parcouru 5000 kilomètres entre leur zone de nourrissage, dans l'Antarctique, et ici.
C'est l'hiver à cette époque et la météo est plus fraîche et pluvieuse, mais étant sur une île, le temps change très vite dans une même journée. Durant la saison, profitez de votre samedi soir pour rencontrer l'équipe de Cétamada lors de la soirée hebdomadaire tenue dans un hôtel partenaire. Au programme : présentation des meilleures photos de la semaine et bilan des sorties réalisées, exposé sur un sujet au choix, actualité des projets de recherche scientifique et d'aide à la communauté menés par l'association, concert et repas sont prévus dans une ambiance très chaleureuse.
UN ECO-VOLONTARIAT au paradis
En 2013, j'ai passé deux mois intenses à vivre au jour le jour, au gré du temps, de l'état de la mer, du spectacle des baleines et du nombre de touristes. Un jour à terre et la mer me manque déjà. Je scrute l'horizon ; les baleines soufflent au loin, sautent, et parfois elles nous "appellent" à 6 heures du matin juste derrière le récif à coups de frappes de (nageoires) pectorales. Incroyables géants des mers... Le soir, vers 18 heures, la nuit a déjà pris possession du ciel. C'est magique. On se perd dans cette multitude d'étoiles scintillantes. Les bouteilles de punch coco terminées, on rentre de la Case à Nono (la fameuse discothèque de l'île) tout en envoyant des vœux aux étoiles filantes sur le chemin. La vie est belle.
Photographier une baleine : tout un art !
Première sortie : Imaginez le bateau qui tangue et mon appareil photo dans la main, que je dois à tous prix protéger des embruns et des vagues salées, en attendant la baleine qui va sortir quelque part d'un moment à l'autre (mais où faire la mise au point ?!). Vingt minutes plus tard, des photos de splashh ou de parties de baleine floues dans la boîte, je range tout. Mal de mer. Et puis on s'habitue...
"Le défi pour les scientifiques consiste à identifier les baleines afin de mettre en place un suivi personnalisé. Première méthode : utiliser les marques naturelles, équivalentes de nos empreintes digitales, présentes sur les nageoires de chaque baleine. L’association Cétamada ayant noué des partenariats avec la plupart des hôteliers de l’île, lorsqu’une sortie en mer est organisée pour les touristes, un volontaire de l’association formé au protocole de photo-identification embarque sur le bateau. Son rôle est triple : guider les visiteurs, expliquer l’importance de la pratique du whale watching responsable et durable et photographier les baleines." Isabelle d'Assise, CNRS
Je me souviens...
Cette semaine, j'ai eu la chance de sortir trois fois en mer, sous un beau soleil. Pour le moment, il y a plus de baleines que de touristes ! C'est magique. On se croirait à un feu d'artifice en entendant ces Oh ! et Ah ! d'exclamation à chaque fois que la baleine se propulse hors de l'eau. On ne sait plus où donner de la tête.
INFOS PRATIQUES Comment rejoindre Sainte-Marie depuis Antananarivo ?
Avion : Une seule compagnie assure la liaison, Air Madagascar. Le vol est l'option la plus pratique et confortable, lorsqu'il n'y a pas d'annulations de dernière minute.
Taxi-brousse : Passez une nuit dans la capitale puis prenez un taxi très tôt le matin pour rejoindre la gare routière pour Tamatave (il y a deux gares routières à Antananarivo, dont une pour Tamatave). Ce n’est pas une gare avec des trains mais une route avec plein de taxi-brousse disposés des deux côtés de la route. Réservez à l'avance avec la compagnie COTISSE, ou la compagnie VATSY. Le trajet dure environ 11 heures entre Anatananarivo et Tamatave, au milieu d'un très joli paysage rempli d'arbres du voyageurs. Passez une nuit à Tamatave avant de reprendre la route le lendemain.
Bateau (2 compagnies possibles) : Réservez à l'avance le bateau, ou dès votre arrivée à Tamatave ! Première option avec GASIKARA. Départ vers 6h du matin, 5 heures de route de Tamatave jusqu'à Sonieranivongo, puis le bateau jusqu’à Sainte Marie (durée : environ 1h30-2h). Prix : 80 000 Ar. C'est l'option la plus répandue, la route est agréable mais longue et le port n’a rien d’exceptionnel. Deuxième option avec El CONDOR. Départ vers 6h du matin, 2 heures de route de Tamatave jusqu'à Mahambo, attente sur la plage pendant 2-3 heures dans un très beau paysage avec même la possibilité de manger des beignets ou des brochettes de zébu vendus par les locaux, puis le bateau (très confortable !) jusqu’à Sainte-Marie (durée : environ 2h30/3h). Une option très sympathique. Prix : 120 000 Ar. Attention, les traversées peuvent être annulées du jour au lendemain selon les conditions météorologiques.
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