Sur les traces d'un esprit libre, de l’Écosse à l'Île au trésor
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23 octobre 2019
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"C’est à la fois cet esprit rebelle, curieux à l’extrême, convaincu, pugnace même, cette soif permanente d’aventure, ce talent littéraire, cette fougue dictée par une rage de vivre et d’écrire pour tous, du plus jeune au plus âgé des lecteurs, qui expliquent qu’il ait laissé à la postérité une œuvre magistrale, aussi riche que variée."
Debout sur le quai, j'attends l'arrivée du train. Françoise Sylvestre fait halte à Paris avant de rejoindre l'association Stevenson de Barbizon à Grez pour une courte randonnée en compagnie d'autres admirateurs. A travers ses mèches blondes, je plonge dans un regard pétillant et bleu, reflet d'un océan si souvent scruté. Journaliste retraitée, écrivain passionnée, elle n’écrit que sur la mer, ne vit que sur les îles et se complait dans l'exigüité terrestre cerclée par l’immensité. Oui, c'est bel et bien le goût de la liberté qu'elle partage avec celui dont elle vient de publier la biographie, Robert Louis Stevenson (1850-1894).
Phares d'Écosse
C’est par une inscription au pied d'un phare (où elle établit une résidence d’artistes le temps de quelques mois) dans l'archipel des Shetland, en Écosse, qu’elle redécouvre Stevenson. D'autres suivent, dressés ici et là sur ces côtes qu'elle affectionne. En décidant de se consacrer à l'écriture, le jeune Stevenson rompt une fameuse lignée de bâtisseurs de phares. Pari réussi : L’Île au trésor ou L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde pour ne citer que les plus connus, lui apportèrent le succès de son vivant.
Voyager sur les traces de
Elle voulait être en osmose avec lui, me dit Françoise, dans la réalité comme dans la fiction... Elle brave un jour le courant pour rejoindre le petit îlot où le héros de Kidnapped (son livre préféré) fut naufragé, coincé par la marée. C'est une poursuite incessante, rit-elle, une vraie histoire d'amour. Elle le suit, littéralement, de la maison où il grandit à Édimbourg jusqu'à cette traversée des États-Unis en train, et ce, dans le même état physique, à bout de souffle après la maladie. Elle puise l'inspiration dans le "camp minier abandonné de Silverado, dans une cabane en ruines accrochée à la colline" où il part en voyage de noces puis achève sa biographie dans la forêt de Fontainebleau, où il rencontre sa femme.
A contre-courant, passionnément
Rebellé contre les conventions, Stevenson était la liberté incarnée, dit-elle. A vingt ans déjà, il avait balayé tous les conditionnements au sein d'un "milieu familial, bourgeois et puritain" foisonnant de il faut. Début 1872, il crée avec quelques amis une société secrète dont l'article 1er énonce un engagement à "se détourner de tout ce que nos parents nous ont enseigné". D'une faible constitution, il avait de l'énergie. Être en état de lutte pour vivre donne beaucoup d’énergie, confirme Françoise, et cela donne des ailes. Il défit la mort, "il vit en sursis [...] embarque parfois sur une civière tant il est malade", ne cesse d'écrire, à quatre mains s'il le faut, et s'éteint à 44 ans dans leur propriété paradisiaque des îles Samoa, dans le Pacifique.
Robert Louis Stevenson, Les chemins de la liberté, de Françoise Sylvestre (2019) est en vente sur le site des
éditions Transboréal.
Le format synthétique de cette biographie perpétue la réputation de Transboréal. Rigueur et précision, chronologie et anecdotes vérifiées, et une quasi-exhaustivité des faits romancée pour nous donner simplement envie d'en savoir plus et de traverser à pied les Cévennes sur le Chemin de Stevenson (GR70) avec quelques-uns de ses livres...